Le 28 novembre 2025, le ministre de l’Éducation nationale Édouard Geffray, accompagné par Madame Anne Padier Savouroux (conseillère en charge de l’école inclusive, de la santé psychique et physique et du sport), et Mme Marjorie Koubi (conseillère en charge du dialogue social et des ressources humaines) a reçu le SNICS-FSU, représenté par sa secrétaire générale, Saphia Guereschi, et les secrétaires générales adjointes, Mathilde Varrette et Violaine Mengin.
Cette audience a permis d’aborder en profondeur la place de la santé dans l’Ecole, la reconnaissance des missions infirmières ainsi que l’articulation entre les textes existants et la Loi « profession infirmière ».
S’agissant de la Loi « profession infirmière », Édouard Geffray exprime un soutien explicite au développement de la spécialité infirmière autonome (soutien qu’il affichait déjà lorsqu’il était DG DGESCO) et à la création du Master.
Le SNICS-FSU l’a questionné sur l’absence de mise en œuvre des travaux règlementaires alors que le Parlement a tranché.
Déjà interpellé par le SNICS FSU la semaine précédente (cf lettre au Ministre) sur l’inaction inquiétante des services alors que le travail législatif a largement commencé, le Ministre a mobilisé ses équipes dès lundi pour engager les travaux d’articulation avec les textes existants.
Interrogatif et partageant la volonté de ne pas se retrouver coincé par l’avancée des travaux du côté du ministère de la Santé, le Ministre a indiqué avoir immédiatement établi le lien avec la ministre de la Santé afin de garantir la cohérence interministérielle de ce chantier. Il a insisté sur le fait que rien ne se fera sans l’Éducation nationale ni sans les professionnelles de terrain. Surpris que la DGESCO ne nous ai pas encore conviées à travailler sur ce point comme sur d’autres, le Ministre va inviter l’actuelle Directrice générale de la DGESCO – Mme Caroline Pascale- à nous recevoir. A l’heure ou nous écrivons ces lignes, le rendez-vous est pris.
Le SNICS-FSU sera force de proposition et entend rester pleinement mobilisé pour que la spécialité infirmière autonome prenne forme, conformément à la loi et à la réalité du métier.
Devant l’orientation globale de la réforme de la santé scolaire, le SNICS-FSU s’est fermement opposé à la proposition « surprenante » de la DGESCO de réécrire une circulaire de politique générale de la politique éducative sociale et de santé. Le SNICS-FSU a explicité les conséquences et les dérives déjà constatées sur le terrain et l’urgence de réaffirmer le cadre fondateur de 2015.
Le SNICS-FSU a rappelé les principes structurants de cette politique, notamment la répartition claire des rôles entre les infirmières, référentes de santé dans les établissements, et les médecins scolaires, référents pathologiques, sans négliger les rapport nécessaires avec les autres professions et métiers dans et en dehors de l’Ecole (dimension partenariale, cohérence, évaluation, responsabilités, clarification).
Le Ministre a approuvé cette lecture et a renforcé l’idée qu’il fallait « aller au bout des professions », c’est-à-dire respecter les périmètres de chacun et laisser les métiers exercer pleinement leurs compétences, conformément à l’esprit de 2015 et dans un esprit de solidarité. Il a confirmé que ces textes – Politique éducative sociale et de santé en faveur de l’élèves, circulaires missions des infirmiers et des médecins, ainsi qu’arrêté organisant les bilans de santé – demeurent pleinement valides et ne seront ni réécrits ni modifiés dans leur ambition.
Le SNICS-FSU a rappelé que cette exigence est indispensable pour préserver la qualité de la santé à l’école. Le Ministre a indiqué entendre pleinement cette demande et a insisté sur la nécessité de garantir une mise en œuvre fidèle aux textes, aux identités professionnelles et à la continuité du travail engagé depuis 2015. Il a adhéré au renforcement nécessaire de la disponibilité de la consultation infirmière et entend faire « passer le message ».
Concernant les bilans de santé obligatoires, le SNICS-FSU a réaffirmé que le cadre de 2015 est clair : la visite médicale de la 6e année relève des médecins scolaires, et, en leur absence, la lettre de cadrage prévoit explicitement le recours aux médecins généralistes. Notre syndicat a dénoncé le fait que l’Éducation nationale ne se soit toujours pas organisée pour articuler correctement ce dispositif avec le système de santé, empêchant de savoir quels enfants ont été vus en dehors de l’institution scolaire.
Le Ministre a approuvé cette analyse et a rappelé que le cadre existant devait être appliqué : les arbitrages de 2015 constituent la base non négociable qu’il convient de respecter tout en tenant compte des effectifs médicaux disponibles, il n’appartient pas aux infirmières de pallier à l’absence de visites médicales,
Sur le premier degré c’est bien la disponibilité de l’infirmière, avec comme porte d’entrée la difficulté scolaire et à la demande d’un membre de la communauté éducative, qui doit déclencher la consultation infirmière.
Quant aux pôles départementaux santé, bien-être et protection de l’enfance, issus des Assises de la santé scolaire, d’après les remontées qui lui ont été faites le ministre pense nécessaire d’avoir une « enceinte de coordination » pour que les personnels se parlent.
Le SNICS-FSU a dénoncé les différentes notes parues dans les académies suite aux Assises de la santé scolaire, notes qui placent le médecin autoproclamé « spécialiste de la santé mentale », reléguant l’infirmière et les autres membres des équipes ressources comme simples opérateurs de son diagnostic.
Conscient des enjeux de pouvoir et du fait que les « circulaire locales vont plus vite que les circulaires nationales », empêchant les agents de faire leur métier, le Ministre ne souhaite pas voir des circulaires académiques et départementales utilisées pour déroger au cadre ministériel.
Il va intervenir pour stopper cela : le seul cadre qui s’applique est le cadre ministériel. Il va donc explicitement demander aux médecins conseillers techniques d’indiquer qu’il ne souhaite pas de circulaires de transposition. Exit de fait toutes les dérives constatées, le SNICS-FSU s’appuiera sur cette position ferme du Ministre pour éradiquer si des résistances locales persistaient…
Il en est de va même pour les PAP et les PAI, les infirmières n’ont pas à avoir la charge administrative de ces dispositifs.
Quand au protocole santé mentale, le Ministre s’est engagé à le modifier pour le rendre plus opérationnel. Par ailleurs il nous a informées qu’une note d’instruction ministérielle coupe-file est sur le point de sortir. Surpris que les infirmières n’aient pas été entendues à ce sujet, il va demander a ce que nous soyons intégrées aux discussions.
Le SNICS-FSU a ensuite interpellé le Ministre sur l’insatisfaction persistante concernant le logiciel professionnel infirmier qui n’est toujours pas un dossier infirmier. Le logiciel LIEN est toujours inopérant, il dégrade les conditions d’exercice infirmier et le service rendu aux élèves. A titre d’exemple, le SNICS-FSU a repris le projet cohérent de diagnostics infirmiers qu’il avait élaboré, adapté aux spécificités de l’exercice en milieu scolaire et validé par les autres organisations syndicales, mais que l’administration a finalement intégré sous une forme inadaptée et inexploitable, rendant l’outil peu fonctionnel. Le Ministre – qui connait le dossier car déjà interpellé par le SNICS-FSU lorsqu’il était Directeur Général de la DGESCO- a exprimé sa volonté d’examiner la situation et de permettre la recherche de solutions pratiques, lisibles et réellement utilisables par les infirmières, dans le respect des pratiques professionnelles et de la finalité des diagnostics infirmiers.
Informé par le SNICS-FSU que la Haute Autorité de Santé va rendre un avis sur l’accès au carnet de santé numérique, pour lequel notre exercice est écarté, et conscient des enjeux, le Ministre va intervenir auprès de la HAS pour être auditionné en ce sens. Il déplore que l’accès à une messagerie professionnelle sécurisée ne soit toujours pas d’actualité pour notre corps et s’engage à faire avancer ce point.
Globalement, le SNICS-FSU a été reçu par un le Ministre ouvert à la discussion et soucieux d’améliorer le fonctionnement du service publique d’Education. Sa volonté d’améliorer la prise en compte de la santé des élèves est nette, il compte effectivement sur le professionnalisme des infirmières dont il souhaite augmenter les effectifs, mais le budget dont il dispose est entre les mains du Parlement. Il partage également l’analyse du SNICS-FSU quant à la nécessaire collégialité pour accompagner un élève et la nécessité de renforcer la dimension partenariale de la santé à l’école.
Il a lancé les travaux sur notre spécialité, ce dont le SNICS-FSU le remercie.
Le SNICS-FSU continuera de porter la voix des infirmières de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, d’être force de proposition et de veiller, avec détermination, à ce qu’aucune dérive locale ou nationale ne vienne dénaturer leurs missions et leur périmètre d’action.
Notre ligne a été clairement exposée au Ministre. Nous respectons trop l’Ecole pour accepter ce qui ce passe, et respectons trop notre profession pour accepter qu’elle reste méprisée comme elle l’est aujourd’hui.
Plus que jamais, le SNICS-FSU est mobilisé pour garantir le respect des compétences professionnelles, la mise en œuvre fidèle de la Loi « profession infirmière » et la qualité du service rendu aux élèves et aux étudiant.es.
