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Communiqué de presse

Le drame survenu à Nantes n’est pas un fait divers isolé. Il est le symptôme d’un mal plus profond : celui du désespoir croissant de notre jeunesse. Les infirmières scolaires, que je représente, n’ont cessé ces dernières années de tirer la sonnette d’alarme.
Entre 2015 et 2019, nous avons constaté une hausse de 44 % des consultations infirmières dans les établissements scolaires. Au-delà des chiffres, c’est la nature même de ces consultations qui interpelle : détresse psychique, isolement, perte de repères, idées suicidaires… La jeunesse ne va pas bien, et elle le dit. Encore faut-il être en capacité de l’écouter.

Dans un contexte économique, social et culturel tendu, marqué par l’angoisse du futur, le climat de guerre et la menace terroriste, il est plus que jamais urgent de sécuriser les jeunes, non pas par des portiques ou des murs, mais par l’attention, la présence et l’écoute.

Or, depuis 2017, aucun poste infirmier n’a été créé à l’Éducation nationale. Les effectifs sont gelés. Nous sommes aujourd’hui une infirmière pour plus de 1 800 élèves et étudiants, quand le ministre Bayrou en 2000 préconisait une infirmière pour 500 élèves. Comment accueillir dignement ? Comment évaluer les besoins ? Comment prévenir les drames, quand nous sommes seules, débordées, empêchées ?
Nous sommes pourtant les seuls professionnels de santé affectés dans les établissements scolaires. Les élèves viennent nous consulter et nous allons vers eux. Nous savons repérer les signaux faibles, désamorcer les tensions, orienter. Mais nous ne faisons pas de miracles.
Il est indispensable que la loi infirmière actuellement examinée au Sénat, reconnaisse pleinement la spécialité infirmière que nous sommes. Un levier essentiel pour garantir la qualité des soins, renforcer la prévention, et assurer une équité d’accès à la santé pour tous les élèves sur l’ensemble du territoire.
La réponse sécuritaire et autoritaire apportée aujourd’hui par le ministre de l’Intérieur est indigne. À la violence, l’individu répond par la violence. Enfermer les jeunes dans des établissements sous haute surveillance n’évitera pas les drames. Un élève déterminé trouvera toujours le moyen de contourner les dispositifs. Les États-Unis nous l’ont tragiquement démontré.

Ce que réclame la jeunesse, ce n’est pas la peur, c’est l’espoir. Elle a besoin d’être rassurée, écoutée, accompagnée. Le gouvernement porte une responsabilité directe dans ce drame par son inaction. Il est urgent de créer des postes infirmiers dans l’Éducation nationale. Il est urgent d’investir dans la prévention.

La jeunesse mérite mieux qu’un discours d’ordre. Elle mérite une politique de soin, de soutien et d’avenir.

Paris, le 25 Avril 2025 Contact presse :
Saphia Guereschi : 06 87 89 13 34 Violaine Mengin : 06.68.26.24.91 Mathilde Varette : 06 77 31 15 66 snics-fsu@snics.org