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Paris, le 2 juillet 2025

Madame la ministre d’Etat,
Les infirmières, assistantes de service social et psychologues de l’Éducation nationale se sont massivement mobilisées le 10 juin pour dénoncer l’orientation générale de la réforme de la santé scolaire. Cette réforme, centrée quasi exclusivement sur un angle sanitaire, renforce la médecine scolaire au détriment d’une politique éducative, sociale et de santé globale en faveur des élèves — une ambition qui semble disparaître peu à peu.
Alors que d’autres choix politiques sont possibles, vous maintenez cette approche, malgré nos propositions. Elle affaiblit la capacité du ministère à lutter contre les inégalités sociales et de santé, et donc à assurer sa mission première : la réussite scolaire de toutes et tous,et leur anticipation positive d’un parcours de formation.
Il s’agit d’une réforme de façade, ne prenant en compte que des indicateurs de performance. Elle dégrade à la fois les conditions de travail des agent·es et la qualité du service rendu. Nous vous alertons solennellement sur l’aggravation des conséquences pour la santé des personnels.
In fine, vous relancez un modèle de service médical scolaire abandonné par le passé, car jugé coûteux et inadapté aux besoins de l’École et des élèves. Ce retour en arrière engendrera confusion, conflits interprofessionnels, fonctions de suppléance ou de substitution, perte de sens, souffrance au travail, arrêts maladie et départs.
Alors que vous vous étiez engagée, le 10 juin, à « rééquilibrer les deux jambes » de la politique éducative, sociale et de santé en réaffirmant le rôle préventif et éducatif de nos métiers, vos services mettent en œuvre à marche forcée des mesures unanimement rejetées par les personnels.
La FSU dénonce une réforme imposée : sans évaluation sérieuse de la politique actuelle ; sans prise en compte des réalités du terrain ; sans véritable dialogue social.
Nous demandons :
• le report immédiat de la mise en œuvre du pôle santé, bien être et protection de l’enfance jusqu’à la tenue de groupes de travail par corps sur l’ensemble des propositions
• une méthode de dialogue social profondément renouvelée, à rebours de ce que nous avons connu jusqu’ici : calendrier précipité, groupes de travail fleuves sans débats, informations floues, désaccords systématiquement ignorés

Nous avons constaté que nos propositions n’étaient jamais prises en compte. Nous demandons désormais que les documents de travail nous soient remis au moins une semaine à l’avance afin de pouvoir nous concerter et que des comptes rendus des Réunions nous soient transmis.
Contrairement à l’engagement pris d’ouvrir une année de dialogue après les Assises, nous avons appris, lors d’une réunion le 1er juillet, à la 22e diapositive d’une présentation, que les pôles allaient être mis en place dès la rentrée prochaine. Les missions et l’articulation des corps seraient alors définies sans cadre, sans concertation, et sans débat sur les priorités d’une nouvelle politique de santé, de bien-être et de protection de l’enfance.
Qu’en est-il du dialogue social ? De la dimension éducative ? De l’accompagnement social indispensable à la réussite des élèves ? Qu’en est il de l’accompagnement psychologique au sein de l’Ecole ?
Les groupes de travail s’enchaînent, souvent sans espace réel pour les interventions syndicales. Les réponses de l’administration, confrontée à une avalanche de questions, sont trop partielles pour être satisfaisantes.
Déjà dans les départements de nombreuses dérives se font jour : désignation de chefs de pôle, mutations d’office (39 signalées à Créteil), redéploiements sauvages vers le premier degré, pressions pour systématiser les bilans infirmiers en lieu et place des visites médicales, confusion des missions, injonctions contradictoires…
Enfin, nous n’avons aucune information sur les échanges menés par votre ministère avec le ministère de la Santé, les ARS ou les maisons des adolescents, alors même que des conventions sont en préparation.
Construire une politique éducative, sociale et de santé ambitieuse, au service des élèves, ne peut se faire contre les professionnelles concernées.
Après les Assises de la santé scolaire, vécues comme un mépris supplémentaire, nous vous demandons de desserrer le calendrier et de nous recevoir dans les meilleurs délais.
Veuillez agréer, Madame la ministre d’Etat, l’expression de notre considération respectueuse.